UN AUTOMNE A LOB-NOR – (41°N ; 90°E)
(serpentine / PIAS)
Rien sur la pochette, pas de titres pour les 7 plages musicales du cd, une vague date d’enregistrement et quelques noms c’est pas ca qui va me faciliter la tâche pour écrire un chronique sur l’album d’Un automne a Lob-Nor. Tout ce disque est entouré de mystère et ce n’est pas la musique brumeuse qui s’en échappe qui me viendra en aide.
Face à ce disque j’ai l’impression d’être aveugle. Je dois me fier à mes sensations, à ce frisson qui me parcourt le dos au début du deuxième morceau. Pas la peine de chercher un quelconque repère ou un point d’arrimage autour de soi, la musique est si présente qu’elle s’étend, recouvre tout, masque, tord et déforme les perceptions. Dès qu’il tourne sur la platine ce disque devient rapidement tout l’univers, le contenant et le contenu. Hypnotique et mélancolique cette musique me fait l’effet d’un oiseau à l’envergure géante, tombé à terre sans espoirs de revoler. Au milieu de son désespoir il se souvient des temps anciens où le ciel était à lui. Passant du désespoir de son existence actuelle à l’euphorie des souvenirs il se berce doucement. La musique d’un automne a Lob-Nor c’est ça, une berceuse alanguie où se mêlent intimement des bouffées de béatitude et des nappes de mélancolie, une contemplation presque zen, planante et rayonnante elle s’immisce insidieusement dans mon univers pour se l’approprier. Peu a peu, sans y faire attention de nouveaux aspects du disque se dévoilent. Ici le jeu du violoncelle, là, les touches de guitares. Quand le post-rock autoproclamé a parfois tendance à virer à l’insipide brouet "(41°N ; 90°E)" ne manque ni de sel ni de piment. La recette est juste comme il faut, en équilibre, tellement évident que sa beauté pourrait passer inaperçue.
Apres Madrid et ses mélodies fluides Serpentine apporte une nouvelle pierre a l’édifice d’une certaine musique indépendante française.
Gildas
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