RICHARD DAVIES – BARBARIANS
(Kindercore)
Richard Davies n’avait pas mis longtemps à faire la preuve de ses talents d’artisan pop hors-pair : son "Tour de France" à lui tenait en trois disques, du pont jeté entre le psyché punk et les Beach Boys d’ "Instinct", ultime album de son groupe australien, les Moles, aux miniatures pour orchestre de poche de son premier album solo, "There’s Never Been A Crowd Like This", en 1996, en passant par son insurpassable collaboration avec Eric Matthews le temps de l’album de Cardinal.
Avec son album de 1998, "Telegraph", l’australien exilé aux Etats-Unis avait un brin brouillé les pistes. Adieu les ritournelles fortement connotées sixties, foisonnantes d’idées mélodiques, adieu touches de piano, cuivres et violon systématiques, bonjour à un vrai groupe basse-batterie-guitare, bonjour la simplicité (apparente). Déroutant à la première écoute, "Telegraph" et ses entrelacs savants d’arpèges se révèlaient au fil du temps, et son équilibre entre mélodies attachantes et passages instrumentaux finement maîtrisés réussirent à en faire mon disque de chevet.
Même formule pour ce nouvel opus, même réussite, peut-être plus immédiate, tant des titres comme "May" ou "Stars" vont directement au but. En fait, ce que réussit à faire ce type dans le cadre étriqué de la pop à guitare tient du miracle tant tout cela pourrait vite tourner au banal (d’ailleurs, chez beaucoup d’autres, ça tourne au banal). Richard Davies n’a certes pas composé de tubes implacables : ses mélodies n’ont rien de tapageur, elles exigent un peu d’attention, avancent à leur rythme, tout doucement (certaines diront trop doucement). Ses arrangements n’ont rien d’alambiqué, sont volontairement simples sans doute mais toujours intelligents, anachroniques certainement. Ce qui autorisera à parler de disque intemporel à ceux qui, à l’ère de l’électro reine, enterrent bien vite la pop, souvent à raison. Entre mélancolie légère et folie (très) douce, les chansons de Richard Davies, pour peu que l’on s’en donne la peine, constituent ici l’un de ces albums attachants qu’on se réserve jalousement, définitivement trop discrets et précieux pour le succès… bizarrement (cela me surprend moi-même), j’aurais presque envie de rapprocher ce disque de l’album récent de Grandaddy, déjà promis, et c’est loin d’être scandaleux, aux podiums de fin d’année : peut-être Richard Davies devrait-il lui aussi se laisser pousser la barbe et faire semblant de jouer du prog-rock, finalement.
Guillaume
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