PIANO MAGIC – Artists’ Rifles
(Rocket Girl / Pop Lane)- acheter ce disque
L’an passé, "Low Birth Weight", avec ses allures de grande oeuvre néo-Cold Wave façon This Mortal Coil, déjà, provoquait d’étonnants symptômes, des interrogations sur d’éventuelles ruptures du continuum espace temps dont l’on n’aurait pas entendu parler à la télé, sur la magie de cette guitare égrainée avec parcimonie, à-propos et force écho. Moins spectaculaire que son prédécesseur, plus humain, "Artists’ Rifles" n’en est que d’une beauté plus évidente. Dire que c’est évident, c’est se défiler lâchement devant les explications, par exemple, éviter d’essayer d’expliquer pourquoi une chanson comme "You and John are birds" est belle à s’envoler (d’ailleurs, sur la fin, la chanson s’envole, alors pourquoi pas nous ?). Hanté par l’échec, le déclin et la mort, recyclant avec brio une décennie qu’on croyait condamnée à la naphtaline, Glen Johnson, par un tour de magie dont il a le secret, réussit à mener sa musique aux frontières d’un post-quelque chose bien difficile à définir (post-médiéval ? post-cold wave ? post-pop ?). Peu importe que cette musique soit cousue des fils blancs de notre nostalgie, tant que ce ne sont pas de grosses ficelles (qu’on cherche en vain, lors des deux ou trois premières écoutes, avant d(e s)’abandonner). Les merveilles peuvent bien se succèder, Piano Magic et ses alchimistes transforment le plomb – la basse lourde de "No Closure", l’orgasme noisy et tribal de "Password", sommet du disque – en air fluide et vivifiant. On en oublierait presque que c’est d’un monument aux morts qu’il s’agit tant la gravité du propos et la rigidité a priori du style choisi sont magnifiées : comme si la musique des années 80 était un pneu qu’on croyait trop vieux et, qu’au lieu de le faire brûler, comme tant d’autres, Glen Johnson avait choisi de le regonfler à l’hélium.
Guillaume
(1.16)
No Closure
A Return To The Sea
(1.22)
You & John Are Birds
The Index
(1.50)
Century Schoolbook
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Artists’ Rifles