CALEXICO – Hot Rail
(Labels / City Slang)
Joey Burns et John Convertino, le duo pince-sans-rire de Calexico, le disent eux-même dans « Drenched », une des somptueuses ballades du nouvel album : « The Roads Never Lead Where They’re Supposed To Go ». Et qui effectivement aurait cru, à l’époque de la sortie de « The Black Light », que la paire rythmique de Giant Sand allait marier si harmonieusement les orchestrations latino et le song-writing éblouissant des campeones de la new country (Palace et Sparklehorse pour ne citer qu’eux), délivrant pour le coup un objet inusable qu’on s’est empressé d’offrir à ses meilleurs amis ? Depuis, Calexico a fait son chemin (chez Murat par exemple), les Français savent enfin situer Tucson sur la carte et « The Black Light » a rarement quitté nos platines.
Dans ces conditions, « Hot Rail » était aussi attendu que l’armée mexicaine lors du siège d’Alamo sauf que dans ce cas, il y avait des chances pour qu’on se rende sans combattre. A l’écoute cependant, évaluer ce nouvel album à l’aune de son extraordinaire prédécesseur serait assez paresseux, car là où tout le monde attendait une suite, Calexico trace délibèrèment un autre sillon, dans lequel la terre du désert se révèle d’ailleurs bien plus aride. Si on fait abstraction de trois instrumentaux relevés comme des tamales et qui rappellent que la boussole est malgré tout toujours orientée au sud, la tonalité générale de « Hot Rail » se rapproche plutôt d’autres poulains de l’écurie City slang comme Tortoise et la dominante parfois post-rock de certaines « chansons » peut déconcerter. On se consolera néanmoins en goûtant la lente dérive de « Fade », où Convertino montre qu’il ferait un excellent batteur de jazz, la fraîcheur un peu arty de « Ballad Of Cable Hogue » et surtout un couple de vibrantes ballades country comme on n’en avait plus entendues depuis le dernier Kris Kristofferson : « Drenched », déjà citée pour sa lucidité, et « Service And Repair », portée par une pédal-steeel à la fois discrète et irrésistible. Plus hétérogène et disparate que « The Black Light » (soyons paresseux), « Hot Rail » n’en est pas moins représentatif de la ville frontière qui a donné son nom au groupe (on attend avec impatience la version française, qui pourrait s’appeler Bourg-Madame) : un pied aux Etat-Unis, l’autre au Mexique et le désert tout autour.
Jean-Christophe
El Picador
Ballad Of Cable Hogue
Ritual Road Map
Fade
Untitled III
Sonic Wind
Muleta
Mid-Town
Service And Repair
Untitled II
Drenched
16 Track Scratch
Tres Avisos
Hot Rail