MATTHIEU MALON – Froids
(Le Village Vert)
Un célèbre hebdomadaire musical avait dit à la sortie de la compilation « Panorama » (Le Village Vert, 1998) que Matthieu Malon était la doublure humoristique de Diabologum. Avec « Froids », son premier album pour le label « pop virant électronique », Matthieu Malon prouve qu’il est bien autre chose. OK, il y a ce détachement des paroles et ce travail des atmosphères qui fait que « On baisse les bras » (le morceau que l’on connaît déjà) peut donner cette impression, mais il y a bien plus que cela dans la musique de Matthieu Malon. Il y a des textes vifs et précis, urgents et pourtant très réfléchis, qui s’étirent alanguis grâce à la voix mi parlée – mi chantée. Ensuite, la mise en forme des chansons est impressionnante par sa diversité et son aboutissement. L’ouverture sur « Destination zéro » par une texture hip-hop contrastant avec le chant posé, et les violons mélancoliques de « Juste en face » en sont les meilleurs exemples. Matthieu Malon ne se laisse pas aller à la facilité de la répétition mais intègre tous ses sentiments à sa musique et les retranscrit par autant de teintes, de touches superposées ou accolées. D’un morceau à l’autre, l’atmosphère change. De la pop d' »On ne se voit pas très souvent » (pas si éloignée de Superflu) à l’expérimentation électronique de Juliette (post kraut), l’album varie et est bizarrement cohérent dans sa ligne pop-électro, refrains prenants sur des effets tordus et casse-gueule empruntés à l’univers sombre des 80’s. Un tour d’horizon du monde de Matthieu Malon en dix chansons comme des tableaux pleins de recoins à explorer.
Gildas
Destination : zéro
On baisse les bras
Comme un froid
On ne se voit pas très souvent
Juste en face
Les sentiments des gens changent
En désespoir de cause
L’espace d’un instant
Juliette
Les soirées avec moi