GRANFALOON BUS – Good Funeral Weather
(Emperor Jones)
Si Granfaloon Bus est basé à San Francisco, ville mythique pour les amateurs de musiques cotonneuses et spleenétiques (Red House Painters, Mazzy Star, Swell, Mark Eitzel et alii…), la musique de ce groupe évoque moins les brumes de la Baie que les plaines et les coeurs désertés de l’Amérique profonde. On parlera donc de country music et de rengaines puisant dans une lignée allant de Gram Parsons à Richard Buckner. Avec l’emploi d’un stock d’images (clichés ?) volontairement cinématographiliques (la ville fantôme, l’ombre d’un buffalo…) on pourrait voir en Granfaloon Bus un pourvoyeur malin de bandes-sons pour gogos en goguette dans un parc d’attractions néo-western. Mais contrairement à ses collègues bornés de l’americana, Granfaloon Bus ne confond pas racines et pissenlits : sa country music est ornée d’instruments hétéroclites, d’arrangements gentiment décalés et de fausses pistes réjouissantes… sans parler d’un humour assez tordu (qui d’autre aurait osé écrire « maintenant qu’Helen est morte, on peut mettre tous ses portraits dans des cartons et baiser dans son lit kingsize » ?). Une façon de faire de la musique en trompe-l’oeil qui nous fait penser à deux groupes précurseurs : le Kaleidoscope sixties de David Lindley, et le Camper Van Beethoven eighties de David Lowery. Si Granfaloon Bus joue effectivement de la musique des champs, il a aussi pris la clé.
Laurent Vaissière