YO LA TENGO – And Then Nothing Turned Itself Inside Out
(Matador/PIAS) – acheter ce disque
Et si Yo La Tengo tournait en rond ? Rassurez-vous, seule la photographie intérieure de la pochette de leur dixième album pourrait le laisser penser. Pour le reste, "And then nothing turned itself inside-out" perpétue certes un art éprouvé et (pas assez) reconnu mais fait montre d’une unité de ton qui faisait parfois un peu défaut aux albums précédents du groupe. Hormis l’introductif "Everyday", sur lequel, moyennement crédible, le groupe joue à se/nous faire peur et la poussée de sève sonique de "Cherry Chapstick", surprenante mais pas incongrue, c’est sur la soie que nous sont délivrées des merveilles absolues, comme "Madeline" ou "Tears are in your eyes". Sans monotonie, Yo La Tengo réussit à envelopper ses compositions de la même caresse, sans leur donner plus qu’un air de famille, sans lasser donc. Une famille nombreuse, où cohabitent sans heurts la jeune fille un peu gauche de "You Can Have it all", l’homme qui revient sur la naissance d’un amour ("Way to Fall", splendide) et la beauté entre deux âges de "Saturday". La voix d’Ira vient hanter ses morceaux, parfois façon Lou Reed sans excès de testostérone ("The crying of Lot G.", dédramatisé par ses discrets choeurs d’artichaut, très lointains échos de "Walk on the wild side"), parfois comme s’il voulait arracher à Low son titre de meilleur interprète de berceuse pour adultes, domaine dans lequel Georgia n’est pas en reste (j’en profite pour signaler de nouveau que "Tears are in your eyes" est une pure splendeur). Quant aux arrangements, légers et inventifs, ils font faire des clins d’oeil à cette musique qui, trop belle, aurait pu verser dans un sérieux glaçant et plein de distance.
Parfait, irréprochable, ce disque ne l’est pas. Sans doute parce que, trop humains, les membres de Yo La Tengo sont incapables de perfection. Tant mieux. Cela fait bientôt dix ans que l’on reproche presque à Yo La Tengo d’avoir sorti un chef d’oeuvre, "Fakebook", sous la forme d’un album de reprises où le groupe ne se transcendait vraiment qu’en se reprenant lui-même. Alors, soit : déjà coupable d’un chef d’oeuvre, Yo La Tengo vient donc sérieusement d’agraver son cas.
Guillaume
Everyday
Our way to fall
Saturday
Let’s save Tony Orlando’s house
Last days of disco
The crying of lot G
You can have it all
Tears are in your eyes
Cherry chapstick
From black to blue
Madeline
Tired hippo
Night falls on Hoboken