BLIMEY! – Contradictory Nature & The Struggle Within
(Spirit of jungle / Scalen)
Pour ceux qui croient encore à un déterminisme géographique en musique, précisons : Blimey! vient de Hollande. Avant de se gausser, ne quand même pas oublier que le plat pays a produit des montagnes (les Nits), des souris (Solex), des surfers désabusés (Daryll-Ann) ou encore des folkmen furieux (Joost Visser). Blimey! vient brillamment compléter la liste… Certes les oreilles à la vue basse parleront d’un Beck batave, d’un Pavement des polders ou d’un Guided by Voices égaré à Groningue. Pour la généalogie, on irait personnellement plutôt chercher du côté de l’album blanc des Beatles ou du « Twelve Dreams Of Dr Sardonicus » de Spirit, tous ces kaléidoscopes musicaux des 60’s qui ne s’encombraient pas de garde-fous. Pour ce disque, on parlera donc d’une manière de psychédélisme, mais d’un psychédélisme qui carburerait moins à l’acide ou à la nostalgie qu’à la névrose -ou la fantaisie- du cerveau de l’affaire, Martien Van Bergen. Ne nous y trompons pas : cet album n’est pas seulement agréable, ou troublant -il est surtout juste. De cette justesse qui ne se décrète pas mais se constate : foutraque et structurée, pacifique et énervée, bricolée et ingénieuse, la musique de Blimey! saute d’une forme à l’autre, emprunte tous les méandres (de l’hymne noisy-pop à la ballade éthérée, de la folk-song tordue à la musique de cirque triste) sans perdre le nord . C’est que Martien, à l’instar d’autres mavericks comme Ween ou le Beta Band, a trop d’idées et de désirs pour se cantonner à une formule, une manière, un genre. A des fins personnelles, on retiendra la leçon de Blimey! : « Soyez vous-mêmes, dispersez-vous ! ».