FESTIVAL- LES ROCKOMOTIVES
Textes par Etienne et Guillaume, photographies par Guillaume
On est un peu soufflé par le programme des Rockomotives… on l’aurait faite, cette programmation, qu’elle n’aurait pas été trop différente et intrigués, on ne peut s’empêcher d’aller vérifier si tout cela tient ses promesses. Récit des trois derniers jours du festival par les Snoop Brothers en vadrouille dans le centre de la France.
A cause d’une sombre histoire de TGV, on arrive à la toute fin du concert de Calc, alors que ceux-ci subliment un titre de Cure période « Disintegration », « Plain song ». Dommage, on aurait bien aimé voir se confirmer sur scène les promesses de « Something sweet« , ce qui fut fait, de sources sûrs. P….. de TGV.
Retrouvailles avec Migala, qui bénéficie enfin grâce à Labels d’une distribution décente. Dans une ambiance pourtant un peu moins intime qu’au Café de la Danse deux jours plus tôt, les titres du groupe, tirés de leurs deux albums « Asi duele un verano » et « diciembre, 3 a.m. », gagnent tout autant en fluidité et en puissance, en chaleur et en sublime.
Très attendu, Piano Magic livre un set très différent de l’esprit « post-new wave » de leur dernier album. Sur scène, c’est plutôt vers Mogwai qu’il faut lorgner, et le groupe s’en tire admirablement bien, malgré quelques moments de flottement dans les faux plats.
Même pas peur. La prestation de Dominique A. laisse sans voix. La sienne (de voix) par contre n’est plus à présenter. Le Nantais donne l’impression désormais de vouloir se forger une réputation plus dur, pas du tout content d’avoir été catalogué « varieté » à cause notamment du ‘Twenty-two bar’. Un concert très en place, où le contre-pied est érigé en art, mais finalement, on se demande si on ne préférait pas les bricolages chaleureux d’autrefois, vieux cons nostalgiques qu’on est.
Même pas mal. Sur le départ, les Thugs livrent un set carré, diablement efficace, sans trop se poser de questions. C’est tant mieux, et le rappel, le fameux « biking » vient enfoncer le clou. Le dernier clou du cercueil ? Le meilleur groupe de rock du monde était angevin, et trop peu le savait.
Barbara Manning arrive un peu tard, alors qu’au moins deux tiers du public a déjà quitté les lieux. C’est bien dommage, car en un peu plus de 15 morceaux à la fois mélodiques et rageurs elle réussit à enchanter les derniers spectateurs de l’audience restés sobres (nous deux quoi). Un titre tel que ‘Everything happens by itself’, tiré du récent et superbe « In New Zealand » surprend par sa douceur rafraîchissante et, à l’inverse, des titres beaucoup plus durs se révèlent être tout aussi efficaces.
A cause d’une sombre histoire de cousine, on loupe le début du concert de John Cunningham… mais il lui suffit d’une poignée de chansons pour mettre tout le monde à genoux de ses mélodies insidieuses et de sa pop riche et humble comme on n’en fait plus. L’occasion de rappeler que « Homeless House« , récente résurrection du bonhomme, fera partie avec facilité des disques de l’année.
Statik Sound System, « c’est de la bombinette bébé ». Performance moyenne de cette formation (tr)hip-hop originaire de Bristol; leur charmante chanteuse possède une voix magique capable d’éclairer tous morceaux sur commande (et un sourire capable d’illuminer un Guillaume itou). Par contre, le second chanteur-rapper-toaster hypra coOl brise un peu le charme.
L’histoire belge du week-end nous vient de Venus. Somptueuse pop agrémentée de cordes, leur prestation fut sans aucun doute l’une des révélations de ce festival. Les flamands et leur ‘Pop song’ bien nommée ont réellement enflammé le palais des fêtes de Vendôme. Rageurs et surdoués, les musiciens font de Venus tout ce qu’aurait pu être Louise Attaque si ça avait été un bon groupe. Un groupe belge quoi.
Au rayon étonnant, je vous propose les Spaceheads, où comment à partir de la trompette d’un ancien de James ou des Pale Fountains et d’une batterie furieuse on peut réussir à surprendre tout un auditoire. Andy Diagram et Richard Harrison ont l’explication: une trompette donc, branchée sur bon nombre de machines à effets rigolos et autres chambres d’échos et une batterie folle. Résultat: un public envouté malgré de petites longueurs.
On ne sait plus trop qui on va voir quand on se rend à un concert d’Archive : le groupe d’explorateurs qui nous avait intrigués et enchantés avec « Londinium » ou une bande de rentiers venue relever les compteurs entre deux passages chez Charlie et Lulu. Gros son, choristes et grimaces de la chanteuse, on a parfois du mal (Suzanne, on t’a déjà dit que tu ressemblais à Patricia Kaas ??). On échappe de justesse aux pires titres du dernier album et on a quand même le droit à un « Nothing Else » de toute beauté.
Grand moment de ces Rockomotives que la prestation de Rinôçérose. Leur house-rock décoiffe mais surtout donne la bougeotte à tout organisme vivant à moins de 500 mètres. Les titres tubesques d’ « Installation sonore » font mouche dans une salle qui n’a pas mis longtemps à chavirer du côté obscur de la house.
C’est dimanche, alors bon dimanche, aux Rockomotives de Vendôme. Si on peut regretter que Dominique A., voire Miossec, n’aient jamais été invités à l’Ecole des fans, on ne peut pas en dire autant de Playdoh, dont on pouvait attendre mieux ce soir là. Entendons nous bien : c’était bien, mais un poil moins bien que sur leur épatant et personnel premier album, un peu trop brouillon, entre Blonde Redhead et Sonic Youth. On met 10 quand même, car on n’a qu’à pas être aussi exigeant avec ses petits camarades. Et puis, Playdoh à l’école des Fans, vous vous rendez compte ?
On est beaucoup plus déçu par June of 44. Malgré un assez bon début de concert, pas moyen d’être convaincu par la prestation de ce dimanche soir. Derrière leurs guitares, ces musiciens américains ne parviennent guère à sortir un son plus intéressant que l’autre.
Le gentil Oval se heurte quant à lui à un mur d’incompréhension : il faut dire que ses bidouillages sonores peuvent paraître assez hermétiques au fan de base du Miossec de base, qui a déjà quatre ou cinq Kro dans le ventre, à l’heure qu’il est.
Petit loupé pour Mouse on Mars, trahi par la technique. Dommage, leur électro, à la fois ludique et aventureuse tout en restant accessible, était des plus appréciables. Mais un break involontaire d’une bonne demie-heure dans un set de ce genre ne pardonne que difficilement.
Plutôt joie de vivre du côté de chez Hefner. Darren Hayman arrive à la bourre, s’excuse platement mais met tout de suite l’ensemble du public d’accord: morceaux superbes, blagues à la clé, bref, une musique qui donne la pêche et envie de courir se procurer leurs deux albums, pourtant moins originaux et enthousiasmant. Les anglais ravissent le public -qui en redemandera, en vain- et semblent se faire plaisir aussi : tout le monde est content, c’est bien.
Miossec vous chante bien des choses aimables. Bien rodé par une foultitude de concerts dans les M.J.C. et/ou salles des fêtes des 36 257 communes françaises, la SARL Miossec c’est un peu : « on vient, on joue et on s’en va ». Il n’empêche que la prestation est à la hauteur de l’attente d’un public qui prend momentanément un coup de vieux: les titres de ‘Boire’ et ‘Baiser’ parfois revus et corrigés sont déroulés avec la plus grande maîtrise, quant au boss – toujours aussi en verve – il gigote et se bat avec son pied de micro pour le plaisir des petits et des grands.
Pour achever ce festival, le Blue Note Groove vient mettre un peu d’ambiance festive et jazzy (d’où le nom) dans ce bon vieux palais des Fêtes. Ouf! trois jours intenses, une organisation parfaite une programmation cohérente et riche : on en redemande !!