Il serait temps de se rendre compte qu’il y a beaucoup plus que la simple formule « un piano tout fou + pas de guitare » dans la musique de Ben Folds, qui n’a nullement besoin d’argument commercial ou de cache-misère de ce genre. Si ce n’était que ça, cela ferait bien longtemps que le groupe se serait épuisé, et nous avec (remember Morphine et ses derniers albums pénibles).
Après la récréation « Fear of Pop » et la compilation de « brouillons » (terme à relativiser…) « Naked babies photos », ce troisième véritable album revèle un Ben Folds assagi (peut-être), rangé tout autant du piano virevoltant des débuts que des guitares. Le Ben Folds Five collection 99 se porte près du coeur, accompagné de cordes et cuivres discrets, poignant sur « Mess », « Lullabye » ou le merveilleux « Don’t change your plans », avec justesse mélodique et un savoir-faire indéniable. Un nez rouge moins visible, mois de fantaisie, mais toujours ce brin d’ironie salutaire et toujours ces chansons, impressionnantes pièces montées dont on croyait les recettes perdues depuis les Beatles ou Left Banke mais que Ben Folds Five nous resservent à leur façon, sans garder le nez sur leurs modèles. Du coup, une troisième fois, on n’est pas loin du chef-d’oeuvre.