FREESTYLERS – We Rock Hard
(Freskanova)
Voici un album sorti il y a près de 8 mois, mais sur lequel je ne m’étais pas précipité. Franchement marre de tout ce barouf big beat bas du front. De tous ces anciens ravers abrutis, gavés jusqu’au gosier de substances illicites. De tous ces imbéciles heureux qui pensent réinventer le hip hop parce qu’ils parsèment allègrement leur bordel sonore de deux ou trois scratches et d’autant de breakbeats. De tous ces Bentley Rhythm Ace ou Wiseguys dont les singles lassent aussi vite qu’ils séduisent. Puis la nature humaine ayant ses faiblesses, j’ai fini par acquérir ce fameux We Rock Hard, en occase, à la moitié de son prix normal.
We rock hard donc. Et pas seulement : we funk, we techno, we jungle, un peu ; we electro, we rap et we ragga, beaucoup. Sur les 70 minutes de l’album, les Freestylers y vont franchement, et ne craignent à aucun moment d’utiliser des ficelles trois fois grosses comme eux, de sampler et de maltraiter deux décennies de classiques hip hop et electro. Au final, pas un dizième de l’intensité des hymnes techno, pas un centième de l’émotion du rap américain. Mais… une fois le disque terminé, impossible de m’empêcher de l’écouter, encore, et encore, et encore.
Et après 10, 20, 50 écoutes, la même satisfaction, le même sourire béat. Entrainants, joyeux, jubilatoires, les Freestylers investissent des territoires depuis trop longtemps délaissés par une pop qui s’imagine tout naïvement qu’il lui suffit d’être triste pour être belle. Dommage pour elle, préférons lui un instant cette musique étrangère au concept de subtilité, dansons dessus la bouche ouverte, les yeux hagards et l’air hébété. Heureux. Beaux et cons à la fois.
Sylvain