FESTIVAL DES INROCKS
Par Laurent Orseau (sauf vendredi – Loïc Blanchot)
> Mercredi 4 novembre
> Vendredi 6 novembre
> Dimanche 8 novembre
> Dimanche 8 novembre (2)
> Mercredi 4 novembre
Histoire de rameuter un peu de monde un mercredi soir on peut voir sur le billet « Special Guest » et les rumeurs des semaines précédentes faisaient état de la possible participation de R.E.M. Et bien rien de tout cela : les Américains géniaux ne sont pas là et personne n’est venu en tant que guest … qui a dit escroquerie ???
Premier à venir donc, Chris Knox qui était bien tranquillement dans la scène en train de parler et de siroter une petite bibine. Il monte sur scène retire son pantalon et enfile un short qui sera parfaitement assorti avec ses jolies sandalettes ! Chris Knox est seul avec comme instruments une guitare et une boîte à rythme, et le voilà parti pour une petite demi-heure de pop déstructurée, de punk bon enfant, de clowneries entre les morceaux, de gesticulations en tous genres (on pourra ainsi le voir sandalettes aux mains …). Chris Knox ne se prend pas au sérieux (« I’am a Rock Star » dit-il dans sa tenue de vacancier Club Med) et il nous réjouit. Bon il faut aussi dire que cet attitude permet d’oublier que les morceaux sont quand même bien supérieurs sur album …
Sous une musique ridicule (on a l’impression qu’une vedette de show télé va débouler), Blondie et ses musiciens pénètrent et là petit raclement de gorge : le look Rock’N’Roll des musiciens passe encore, mais Debbie Harry arrivant en hauts talon et robe moulante cela a un petit côté pathétique. Car si la dame avait un côté glamour très prononcé il y a quelques années, là c’est foutu … c’est plutôt les rondeurs qui attirent le regard et ce n’est pas le but ! Bon on ferme quelques temps le yeux et on essaie de se concentrer sur la musique. Si les nouveaux titres sont plus que faiblards les hymnes du groupe sont toujours présents dans nos petites têtes. Les pieds retrouvent très rapidement leur activité de concert (tap tap tap) et la tête dodeline de contentement. Concert sympathique mais sans aucune surprise.
> Vendredi 6 novembre
Temps gris pluvieux sur Paris pour ce concert d’Elliott Smith au festival fnac-inrockuptibles. Car c’est bien de ça qu’il s’agit ce soir, Elliott Smith et seulement lui… La nouvelle star indépendante (hmmm… chez Dreamworks tout de même !) américaine est encensée par la presse culturelle française (Télérama, Inrocks, etc …). Sinon, ce soir, on est tout de même heureux d’échapper à la pop triste et gluante de The Unbelievable Truth, remplacé par Quasi, mais – à priori – indifférents au blues crasseux de Sunhouse et à la power pop adolescente de Nada Surf. Sunhouse entame la soirée. Heureusement, le choix de titres un peu plus intimistes rend moins évident qu’à la Route du Rock, le coté blues « guitareux » du groupe. Cela dit, pas de quoi non plus crier au génie ; et le guitariste reste toujours aussi démonstratif et exaspérant! Lorsque le rideau s’ouvre sur Quasi, Janet Weiss, – la charmante batteuse – a déjà commencé à libérer son impressionnante énergie maltraitant ses fûts de toutes parts. Le chanteur, au clavier au son bizarre, n’est pas en reste et cela nous donne un concert très vitaminé et sympathique. De plus les chansons de ce duo atypique sont vraiment originales. A noter qu’Elliott Smith sera venu jouer quelques notes de basse sur 2/3 titres … Quelques minutes plus tard, on prend les mêmes et on recommence mais cette fois Elliott est au chant. Il jouera une dizaine de titres avec cette formation (trio). On y découvre que, grâce à ses mélodies imparables, il y est aussi a l’aise que seul à la guitare. C’est d’ailleurs ainsi qu’il terminera son concert avec 3 petits joyaux pop… On est un peu inquiet pour Nada Surf, lorsque 10 minutes après le rallumage des lumières la foule applaudit encore à tout rompre la performance d’E. Smith (un vrai triomphe!). Mais c’est bien sur sans compter sur les talents d’embraseur d’ambiance des jeunes américains, qui à peine arrivés assènent leur rock un peu lourdaud mais efficace. Quelques bons moments (en particulier le « 80 windows ») mais il faut bien avouer que leur seul intérêt est de jouer fort et ainsi, de plaire « aux petits jeunes »…
> Dimanche 8 novembre
Première fois depuis que je vais voir le festival que La Cigale n’est pas pleine à ras bord un dimanche après-midi. Il faut dire que sur le billet, la STAR devait être les Manic Street Preachers donc on comprend les abstentionnistes ! Heureusement c’est finalement les Nits qui sont annoncés en dernier … OUF !!!
Ayant recruté chez My Bloody Valentine et Stereolab, on s’attend à un set intéressant de Snowpony. On n’est pas complètement enthousiastes mais quelques points sont à retenir : la basse de l’ancienne My Bloody Valentine vient nous traumatiser et cela nous rappelle quelques bons moments du passé, et puis la chanteuse a une présence scénique formidable (danse plus ou moins éthnique et un corps tatoué de partout !). Par contre on pourra se plaindre des parties enregistrées (pas de guitariste sur scène) et surtout d’un chanteur fantomatique. Vous avez aimé les « Joyeux lundis » il y a dix ans, vous en revoulez une couche bien grasse ??? Les Regular Fries sont pour vous ! Baggy sans intérêt, imitation du Bez en imperméable avec en rab une raquette de tennis, vidéo montrant des extraits de clips et de séries TV … bref redoutablement gonflant. Difficile derrière ceci de se mettre dans l’ambiance de Calexico et son folk/country bien ficelé. Tout ceci est bien joli, bien structuré, mais il manque une petite étincelle qui rendraient les morceaux plus émouvants. Par contre le groupe est sympa tout plein et invite les Grandaddy sur leur dernier morceau. Justement les Grandaddy sont les suivants. On peut déplorer que les morceaux calmes sont trop calmes et lassent un peu mais dès que le groupe s’excite un peu le plaisir reprend le dessus. Le public jusque là statique montre qu’il peut également faire des bonds. Finalement les Nits, têtes d’affiche de la dernière minute arrivent et c’est enfin le grand moment que l’on attendait depuis quatre concerts. La pop intelligente des hollandais vient nous charmer par son originalité et la qualité de ses compositions. Cerise sur le gâteau, une version très différente de « In The Dutch Mountain » qui mit le public en joie. Dommage que ce même public ait été si restreint puisqu’il ne devait plus rester que 150 à 200 personnes dans la salle.
> Dimanche 8 novembre (2)
Le concert des Nits s’étant terminé presque à la même heure que celui de Rufus Wainwright, j’ai juste le temps d’écouter une chanson jouée au piano. J’avoue que le style pompeux et grandiloquent du bonhomme ne me tente pas. Histoire de se faire mal au oreilles, 45 minutes de Scott 4. Son trop gros et saturé dans les aigus sur des chansons bien cachées dans tout ce brouhaha. Pour Arab Strap on s’attendait à voir des autistes sur scène faisant défiler leurs compositions froides mais excellentes. On n’est pas déçu ! Le guitariste semble nier l’existence du public, le chanteur/clavier regarde devant lui sans aucune expression, les deux musiciens qui accompagnent sont penchés sur leurs instruments et pourtant la magie des morceaux vient nous secouer. Tue-Loup a sorti cet année un album formidable. Sur scène les quatre garçons sont également parfaits. Le chanteur nous fait vibrer en contant ces histoires où la vie n’est pas des plus tendres sur une musique tendue à souhait. Histoire de montrer que les chansons de « La Bancale » ne sont pas des coups de chance, le groupe nous dévoile trois nouveaux titres. S’ils continuent sur cette lignée il faudra faire une petite place à côté des Miossec dans notre discothèque.